Un chien dérobe un tableau – Stupéfaction dans le quartier – Une galeriste témoigne De notre envoyé spécial « Je sortais de chez ma sœur… » C’est l’horreur qui se peignait sur tous les visages des passants de la rue Macheroule, ce lundi matin ; une scène stupéfiante s’était en effet jouée quelques instants auparavant. Ecoutons une passante, Madame Ksush : « Je sortais de chez ma sœur qui n’est pas bien pour acheter 2 pains au chocolat, un pour moi, l’autre pour mélanger avec la pâtée de Canaille, quand j’ai aperçu un individu de race canine qui, toute voile à fond la caisse, est entré en hurlant des insanités dans la galerie d’exposition d’art de peintres et de tableaux, à reniflé partout, comme s’il savait ce qu’il cherchait, a tiré l’échelle qui traînait là dans un coin, l’a escaladée, et a décroché un tableau, un grand-cher, tout plein de traces de canifs suisses dessus. Mon sang n’a fait qu’un tour, je me suis mise à penser en moi-même à ce qu’il fallait faire… et j’ai hurlé de toutes mes forces. « Elle était très grossière, mais bon… » Quand j’ai repris ma respiration pour re-crier encore, parce que je savais pas encore ce qu’il fallait faire et qu’il était pas question que je fasse rien, j’ai vu une jeune mademoiselle qui sortait en criant et en hurlant elle aussi plein d’insanités, que j’ai pu comprendre cette fois-ci. Elle était très grossière, mais bon, je comprends. Elle a couru et couru, mais un chien, ça va très vite, même avec un tableau dans la gueule. Alors elle s’est arrêtée et elle a pleuré toute seule au milieu de la place. Et puis elle est devenue toute rouge et a mangé son beau foulard. Ca l’a calmé et elle a appelé les forces de l’ordre. Mais ici, c’est un quartier tranquille et on ne veut pas d’histoires » « Elle a fait ce qu’il fallait faire » Cette jeune femme, c’est Sandrine M., la courageuse employée de la Galerie « Aquarelle et Fusain, c’est Bien » (la GAF’B). Bien sur, elle n’a pas rattrapé le chien, et son patron va sans nul doute, lui aussi, crier pas mal d’insanités (on ne sait toujours pas, à l’heure de la mise sous presse de cette édition, si ces insanités seront, oui ou non, compréhensibles). Elle a pourtant, de l’avis unanime des passants de la rue Macheroule de ce tragique lundi, fait ce qu’il fallait faire. Mais écoutons-la : « J’étais au téléphone avec un copain pour qu’il me rende ma voiture, une simca. Il avait deux jours de retard. Et il était en train d’essayer de m’attendrir en me disant qu’il s’était fait les deux employées de la galerie concurrente, alternativement sur la banquette arrière et en travers du frein à main, ce qui doit faire très mal. J’allais lui dire ma façon de penser, en bref que j’espérai qu’il n’avait rien laissé de dégoûtant dans la voiture, que ça ne me faisait pas vraiment sourire, et que ça ne changeait rien à l’affaire. J’en étais donc là à essayer d’en placer une, déjà un peu rouge, quand j’ai entendu, car j’ai d’abord entendu, un certain volume croissant d’insanités que je supposais grossières. Et puis, il est entré. Un très beau berger malinois... Et moi, j’étais paf ! L’autre au téléphone continuait à m’amadouer en décrivant l’anatomie de la seconde, celle du frein à main, le chien reniflait et moi j’ai regardé l’heure, mais je ne sais pas pourquoi. C’est quant il a commencé à tirer l’échelle que je me suis dit qu’il était 10.30 et qu’il fallait à tout prix que je recommence à m’intéresser à ce qui se passait autour de moi. J’ai donc branché l’enregistrement téléphonique, car ce que l’autre malhonnête racontait pouvait devenir intéressant dans le contexte féroce du commerce de l’art des tableaux, et je me suis adressé au chien en lui disant « mais enfin, mais enfin, mais enfin !!! ». Ca n’a pas marché … Il a enfourné le tableau, et après m’avoir jeté un regard inexpressif, il s’est dirigé vers la porte. Là, j’étais de retour, prête au combat. Je me suis donc mis à courir et à courir et à courir. Mais c’était un grand chien malinois. Je râlais très fort ; il aurait pas fait beau être chien et passer à ma portée à ce moment-là. « je me suis mise à manger le foulard » J’ai d’abord pleuré, et de pleurer, ça m’a encore plus énervé. Alors, je ne sais pas très bien pourquoi, je me suis mis à manger mon foulard. Heureusement, le tableau ne valait rien (c’était l’œuvre d’un ancien chef scout venu sur le tard à la peinture au canif suisse) et mon patron a rigolé. Et puis, l’autre m’a rendu ma voiture. Je veux remercier tout le monde car ce n’était pas facile, le téléphone, le chien, le débile et le foulard, et on m’a pourtant soutenue ». Aux dernières nouvelles, il n’ y a pas de nouvelles. Nous menons l’enquête et ne manquerons pas de vous tenir au courant des développements de cette sombre affaire. |