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9 septembre 2011 5 09 /09 /septembre /2011 21:10

Les frontières sont très anciennes...

Aux dires des spécialistes et des dernières nouvelles, elles dateraient d'il y a longtemps-longtemps, d'autrefois, du temps de jadis, très précisément !

Elle ont été inventées par les tous premiers mâles, qui, en matière de frontière, pissaient un rond d'une dizaine de mètres de circonférence pour signifier les limites du bout de terre où se trouvait la belle et où ça suintait la phéromone b74bis.

 

En ces temps-là, la ligne pointillée produite autour de la Germaine (la première femme s’appelait « Germaine », mais ceci est une autre histoire) était plutôt orange...

 

Évidement, ce procédé ne manqua pas de paraître un peu rustre. Fallait quand même une bonne dose de manque de confiance en soi pour se rassurer à si bas prix ! Et ça puait grave, rapport à leur alimentation de l'époque pas toujours très fraîche et à l'eau souvent croupie.

 

Le temps de jadis passant, cette pratique tomba en désuétude, et seuls certains milieux huppés, où la nourriture produit une urine de qualité, pouvaient se permettre de succomber à la tentation,.

Bien sur, on n'allait pas jusqu'à le proclamer haut et fort, et l'on savait au fond de soi, quand même, ben oui, c'était pas terrible...

 

Plus tard, presque plus jadis mais encore autrefois, d'autres hommes plus évolués ont agrandis le  domaine réservé ; la phéromone b74 bis n'était plus la seule sur le marché du « je veux et j'exige ! ». On ne désirait plus seulement la Germaine, mais aussi le puits, le champs du joli arbre fruitier (des mirabelles), la belle baraque des parents de la bien-aimée, la vue imprenable sur le lac du coin et la présence massive de « sur 4 pattes », constituant, une fois bien préparés, des mets succulents.

 

Plus question de pisser autour d'une si vaste étendue ! Ou alors à 4000 …Mais 4000 proprios pisssant au même endroit..., c'etait risqué !

On se regroupa quand même à plusieurs, mais pas trop, on saigna la vache Germaine (la première vache s’appelait aussi Germaine, et c'est aussi toute une autre histoire), et on récoltât son sang.

On badigeonna ensuite des grandes pierres cernant le périmètre, de ce rouge inimitable, le German blood red type, pierres cernant de gré ou de force les intérêts territoriaux liés aux nombreuses et diverses phéromones...

(relisez ; même moi, j'ai du mal!)

 

Tout ça pour dire que l'école, c’est dégueulasse. 

Mon fils de 7 ans a commencé à prendre conscience de la géographie, ce qui en deuxième primaire, est inévitable.

Et les zenfants de regarder la carte, de découvrir des pays, des formes étranges, dont le trait est une ligne rouge.

Alors, l'enfant voulu voir la ligne rouge...

Du temps de jadis, pisse ou sang de Germaine, on pouvait ! Aujourd’hui plus...

Plus de ligne rouge peinte au sol.

Oui... Pas de ligne rouge, un monde s'écroule...

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Photo : de gauche à droite, Germaine (la femme), Germaine (la vache, sapée) et le serial-pisseur (à la retraite).  (Photo, courtesy of Grivegnée-bas LSD, in "2011, une Histoire d'urinoirs", chapitre "le terrible complot" )

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 20:27

Le colonel Kadhafi m'a téléphoné cette nuit vers 2 heure du matin pour me demander conseil. J'étais en train de rêver de Mauricette et j'étais sur le point de conclure... Je l'avais donc mauvaise, d'être ainsi réveillé, mais bon, Mouammar, c'est Mouammar... !

En gros, il voulait savoir ce qu'on pensait de lui par ici, en Wallonie, région qui lui a toujours tenu à cœur en raison de ses origines carolos ; son arrière grand mère, une pure Aerts chevaline et rancunière comme pas deux, était née à Wanfercée-Baulet le jour même ou Sigmund Freud inventait (ça se sait très peu) le coton tige pour les oreilles.

J'ai tout de suite senti à la voix de Mouammar qu'il était très, mais alors très très, énervé ! Son wallon en pâtissait et il n'arrivait même plus à prononcer correctement cette expression si typique du pays du charbon sans charbon : « Minga wach ti mes couilles ! ». (L'équivalent du « mince alors ! » bourgeois, du « putaing » marseillais ou du « oufti » liégeois)

J'allais donc devoir y aller mollo, alors que je réfrénais déjà à grand peine ma colère de n'avoir pu me faire Mauricette, même en rêve, adossée nonchalamment qu'elle était contre le Marsupilami du rond point de la cité grise... Faut dire qu'il y avait derrière ce rêve des années de fantasmes débridés pour la plus belle fille de la rue Tigrée, la plus longue rue de mon village natal.

C'est donc dans un wallon approximatif qu'il m'expliqua, en vrac : les drogués qui le regardaient de travers ; il déteste ça depuis son opération de la cataracte.

Les islamistes : dans un passé récent, un des leurs avait osé critiqué ses gouts musicaux pour Elvis et Annie Cordy, et ça l'avait passablement énervé. Et comme il est rancunier, il avait voué dès lors à tous les ennemis du King et de Tata Yoyo une haine pas possible. C'est vraiment du Mouammar tout craché !

Le lait de chamelle qui n'est plus ce qu'il était.

Les terroristes qui terrorisent ; son petit dernier, Jonathan, en fait des cauchemars toutes les nuits, et en bon père, il se tracasse pour la santé mentale de son petit garçon de 6 ans, déjà traumatisé par le divorce sanglant de ses parrain-marraine (Johnny H. Et Sylvie V.).

Bref, toute une litanie de petits soucis, mais qui, mis bout à bout, saccageaient le moral de ce bon bougre de Mouammar.

Alors, tout doucement, gentiment, j'ai tenté de lui expliquer. Effectivement, lui ai-je dis, bombarder son pays ne lui valait pas que des sympathies, même au café des 1000 Colonnes, là où on buvait des coups quand il était de passage à Charleroi et où tout le monde l'appelait Momo. Et bien, rien que ça, ça l'a foutu dans une de ces rognes...! La simple idée d'un Robert, son partenaire à la belote, fâché contre lui, ça le rendait tout morose-méchant. Un instant, j'ai eu un peu peur qu'il n'envoie ses bombardiers sur les 1000 Colonnes, mais je lui fis promettre que non, et que Robert, j'allais le raisonner.

Heureusement, je n'avais pas évoqué les tortures et les exécutions sommaires ; je crois qu'il aurait fait un infar.

Ensuite, et à son ton, on lui aurait donné l'Allah sans confession, il niât : « Moi, bombarder mon pays, mon peuple ?! Mais t'es fou, c'est pas vrai, c'est rien que des mensonges pas vrais ! ». Je lui rétorquais, prudent, que des journalistes avaient quand même filmés ses avions, et que ces derniers ne larguaient pas que des spéculos pour les gamins. Rien qu'à cette remarque badine, il se mit à meugler et, symptôme chez lui d'un grand trouble, à zozoter.

Je le calmais, lui expliquant qu'une petite pause de son aviation et des congés payés pour ses pilotes de chasse seraient, pour ses potes des 1000 Colonnes en général et pour Robert en particulier, et pour la communauté internationale, vus comme un bon geste.

Il se calma peu à peu, mais n'admit à aucun moment avoir ordonné des bombardements. « Seulement des chameaux piégés au C4 ; ça oui ! mais pour ces salauds d'anti-démocrates qui avaient repeints des mairies couleur jasmin ! T'imagine?! » me cria-t-il dans le combiné, « couleur jasmin !!! »

J'opinais, sans plus, histoire de ne pas le refaire monter sur ses grands dromadaires...

De toute façon, je le savais bien, c'était peine perdue ; quand il est dans cet état-là, Momo, y'a rien à faire...

 

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Photo : de gauche à droite : La femme de Mouammar, Mauricette et Fredo l'élégant, décidant de vendre du yen (source : CIA, Tripoli, mars 2011)

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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 17:57

On en était seulement à la fin du premier round, et déjà, j'avais toutes les peines du monde à me souvenir de mon nom ; mon prénom, Frédéric, ça allait, mais le nom...? Brouxdenois, Petitlard, Lardonne...? Tout ce qui me venait en tête me semblait fantaisiste. J'allais m'asseoir sur mon tabouret. Je savais, mais sans savoir comment, que de l'eau allait me rafraichir et que mon protège-dents, « tiens, j'ai un protège-dents ! », allait m'être enlevé pour quelques secondes de grâce...

Un cloche, au loin, qui sonne... Images bucoliques d'un village noyé de soleil, ah le joli forçat (et le bel hommage), et quelqu'un qui me pousse, le tabouret qui se dérobe ; je me relève, me met en garde. Je le sais, je dois frapper sur l'autre, là, et éviter au maximum qu'il continue à me fracasser...

 

Fin du second round, mon prénom a disparu. Eric, Maurice, Barbara, Freddy, je ne sais plus... Seuls le tabouret et l'eau, ainsi que la couleur des yeux de mon entraineuse, existent. Je m'affale plus que je ne m'assieds, et je respire enfin. J'entends vaguement des cris, surtout des « hou-hou » et un étrange « à mort l'aztèque ! » qui ne m'étonne même pas. Rien ne m'étonne plus.

Re-dong, re bourrade pour me relever, re tabouret qui se dérobe, et là, en face de moi, deux grosses balles déformées et rouges qui tournoient dans l'air selon un mouvement qui obéit à une logique évidente mais incompréhensible. Elles se rapprochent et s'éloignent, je sens des craquements dans mon visage, un truc au milieu... Oui, un « nez », crac !

Je découvre des cordes, elles supportent mon dos pendant que mon ventre subit une série de percussions ordonnées, mais faiblissantes.

Le sol tremble et se met à la verticale. De mon œil, je vois un type, il compte, sais pas pourquoi, un dingue ! Il se tient debout, mais à l'horizontale. Je ne savais pas qu'on pouvait faire ça ! Ça me plairait bien d'être debout à l'horizontale, moi !

Il y a du bruit partout, au dessus et en dessous, à droite et à gauche. L'emmanché qui criait « mort à l'aztèque » s'est tu, les « hou-hou » déferlent, et ma mère me regarde en dodelinant. Et puis d'abord, qu'est-ce qu'elle fait là, ma mère, au bras de Nicolas Sarkozy? Je le reconnais très bien. Il hurle des ordres que j'entends à peine : « Debout, racaille ! », « Légion d'honneur, mon cul ! » et « préparez le charter ! ». Je m'interroge sur le charter, et je me dis que d'aller au Japon, ce serait pas mal, mais sans ma mère, sans Sarkozy et sans mon entraineuse aux yeux bleus et à la chevelure blonde.

Le sol ne bouge plus ; il reste obstinément à la verticale... Tant pis ! Je veux un morceau de chocolat, une cigarette et un vol pour Tokyo. Je veux que ma maman cesse de dodeliner, ça m'énerve, et que Sarko arrête de beugler. De toutes façons, qui l'entend ? Tout le monde s'en fout !

D'autres gars apparaissent ; eux aussi, ils sont debout à l'horizontale, et en plus, ils marchent ! Ils s'approchent et me soulèvent. C'est marrant d'être soulevé sur le coté ; normalement, bouger sur le coté, c'est glisser ! Là, non ; c'est m'élever.... Dingue ! Ce sont des japonais, j'en donnerai ma main, en feu, au feu ! Ils m'emmènent à l'aéroport ! Sympas, les gars !

Alors, je me laisse faire. Je sucotte doucement le chocolat et je tire lentement sur la clope qu'un des japonais m'a glissé entre mes lèvres gonflées.

Je me sens bien, les bruits diminuent, ma mère a disparu, Sarko aussi. Je suis couché à l'horizontale et je n'ai pas peur. Le charter m'attend. Le japon aussi...

 

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Photo : Pif, Paf et Nicolas (de gauche à droite), photographiés par Renée Perle, au salon de la riziculture (1966)

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17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 13:59

 

« La ponte est à la poule ce que Meursault est à Camus » ; voilà le thème de la dissertation surprise que notre professeur de physique quantique nous a demandé d'effectuer en un temps record, 17 minutes...

Consternation...!

Déjà, le mois dernier, « Blaireaux sur la défense et théologie moderne » nous avait plongé dans un abime de réflexions ; certains avaient discourus sur la puanteur du blaireau, une légende urbaine très ancienne. D'autres sur la lenteur de la théologie moderne, légende urbaine plus ancienne encore.

Enfin, des ergoteurs avaient ergotés sur le sens du mot « blaireau », préférant l'accessoire nécessaire de tout bon rasage à l'animal superbe, et sur le concept de modernité, sans lequel la supériorité évidente de la culture occidentale y perdrait un peu de son crédit, impensable idée...

Le blaireau en poils naturels de cul de génisse pré-pubère et le couple couteau-fourchette avaient encore un bel avenir comme preuves de supériorité de notre définition du monde et des choses.

Mais pour cette nouvelle dissert', l'étonnement, voire l'effarement, étaient au rendez-vous.

Tous et toutes connaissions, bien sur, Brendan Camus et sa trilogie : « Sisyphe », « Famille nombreuse, famille heureuse » et « Dark Vador contre Godzilla ». Mais de là à établir un lien entre Meursault, cet antihéros récurrent dépourvu de toute pilosité comme de scrupules, et la ponte de la poule, l'épreuve était rude.

La majorité d'entre nous séchait, mordillant compulsivement notre tableau de Mendeleïev, ce qui n'était pas très joli à voir.

Alors, comme la logique semblait absente de ce devoir improvisé, j'ai improvisé ; Meursault est devenu « saut de la mort », et la ponte, sur-saut ancestral que toute poule qui se respecte effectue avec brio, accompagné d'un « côôôt » aigu, l'œuf enfin pondu.

Les 17 minutes se sont écoulées. J'ai rendu ma feuille et mangé mon crayon.

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Photo : Camus et 2 poules, toutes 2 stériles (agence WTF, 2012)

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16 février 2010 2 16 /02 /février /2010 15:14

Le ciel est verdâtre. Une pluie fine, à peine plus qu'un brouillard, fantomatise le paysage. Du fond d'une vallée lointaine, un son se fait entendre. Ténu, au début, ce son s'impose et se précise, les voyelles et les consonnes se mettent lentement en place. Et c'est là que j'entends, distinctement, « factuuuuuuuuuuuuuures, factuuuuuuuuuuuuuures.... », tel un loup qui hurle à la lune, un soir de pleine lune, sinon ce n'est pas la peine et le loup a l'air con...

Soudain, de ce ciel étrange, tombent par centaines des missives si caractéristiques, dont on sait au premier coup d'œil qu'elles ne sont pas des déclarations d'amour ou des lettres d'amis partis au loin, racontant leurs épopées. Elles sont toutes ornées de logos si familiers; gaz, électricité, téléphone, internet, sociétés de crédit, écoles des gamins, compagnie des eaux, et les pires, huissiers.

Et cette pluie de lettres inonde tout, recouvre les routes, les toits, les appuies fenêtres, les parterres de bégonias. Toutes sont marquées de mon nom et de mon adresse.

Les ouvriers communaux, au lieu de jeter tout ça dans leur grand sac vert, les empilent et les rangent. Les mamies les balayent de leurs trottoirs, mais renoncent vite à ce qui est un travail de Sisyphe, à refaire sitôt fini... Quelques curieux les ouvrent et font des « rhoooo », la bouche ronde, le regard médusé.

Un passant me désigne du doigt, et tous se mettent à foncer sur moi, scandalisé par tant de bordel paperassier. Ces nom et prénom, imprimés sur chaque lettre, ont enfin un visage, un corps, et il va déguster.

C'est un certain « Maurice » qui court le plus vite, une poignée de cet infâme courrier à la main. « Je vais te les faire bouffer », me crie-t-il, hors d'haleine. Il m'atteint et le choc est rude. Tous deux, nous tombons. Il ne rigolait pas, le Maurice; il veux vraiment me les faire bouffer. Il les chiffonne, les roule en boule, et les presse de plus en plus fort entre mes lèvres, contre mes dents serrées. Ce n'est plus qu'une question de temps...

Je me redresse d'un bond dans mon lit, transpirant des pieds à la tête. Dans ma bouche, presque méconnaissable, un ticket « Win for live » mâché et remâché, que, surpris, je recrache le plus loin possible.

Décidément, les rêves, ça n'a aucun sens...

 

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Photo : un huissier, une gentille dame de l'ONEM et ma banquière, après une séance particulièrement défoulante de sadisme social

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6 février 2010 6 06 /02 /février /2010 13:16

J'habite un pays où les montagnes se dressent pour parler.

La mienne, de montagne, s'appelle Mauricette. Elle n'a pas très bon caractère. Ses millénaires ne l'ont pas assagie, et c'est toujours avec autant de délectation sadique qu'elle provoque éboulis et avalanches, surtout en présence d'adolescents ou de mecs super-équipés, ses proies favorites...

Avec moi, ça va... Depuis sa dernière grosse colère à cause de mon GPS de marcheur, elle me laisse en paix. Bien sur, je fais attention, rien d'ostentatoire : un gsm pourri, des grosses godasses toutes usées, une vieille gourde toute cabossée... Et surtout pas de « bâton du marcheur » ; elle déteste ça, elle en fait des tonnes, au propre comme au figuré.

Certaines personnes ne savent pas la chance qu'ils ont... C'était avant-hier, je me promenais sur Mauricette. Mon chien marchait derrière moi, l'air penaud. C'est un caniche nain qui a appris à la dure, qu'en montagne, on ferme sa gueule ; Mauricette porte une haine féroce aux chiens qui aboient en général, et aux couinements aigus des petits chiens chiants, style le mien, en particulier.

En me retournant, je vis au loin une voiture qui se garait, un gros 4x4 noir (aie, Mauricette déteste les 4x4), de laquelle sortit une bande familiale aux couleurs chamarrées et aux équipements derniers cris (aie-aie-aie, ça va vraiment la faire chier, Ma Mauricette...).

Alors, je fais demi tour en criant et en agitant les bras. Je hurle « attention », et eux, ils se marrent. Une fois arrivé près d'eux, je leur explique, ma Mauricette, son caractère, ses antipathies... Ils rigolent toujours. Ils doivent penser que je suis l'hurluberlu local, et au vu de ma tenue, c'est plausible.

Alors j'essaie de faire sérieux, je raconte des épisodes précédents : mon GPS, le grand ensevelissement de l'entièreté des membres du Rotary venus fêter dans un environnement grandiose le 4000ème anniversaire de leur unité. Je leur ai aussi parlé du chien, un basset hystérique réduit en bouillie par un gros caillou de 2 tonnes tombé d'on ne sait où...

Ils se marraient encore plus ; on en était à la franche rigolade, « arrête-arrête, tu vas me tuer »...

J'étais perplexe. J'avais épuisé mes arguments, tenté l'honnêteté, et rien...

Pas loin, j'entendais Mauricette qui se mettait à grogner ; toute cette agitation, si près d'elle! Alors, après la phase « faisons prendre conscience aux imbéciles couillons qu'ils sont en train de faire une grosse bêtise », je suis passé en mode « je les sauverai malgré eux » ; j'ai pris mon opinelle (Mauricette adore les opinelles, mais elle exècre les limes à ongles...) et j'ai tailladé le plus vite possible le plus de pneus possibles avant qu'ils ne réalisent, se décident, me foncent dessus et m'atteignent, me plaquant au sol.

Ils m'ont confisqué mon opinelle et m'ont relevé un peu brutalement. Durant tout ce temps, Rackmaninov, mon caniche de chien, n'avait pas bronché, la peur de Mauricette au ventre...

Leurs pneus crevés, ils n'étaient plus si enthousiastes pour une ballade bucolique. Ils ont préféré appeler les flics du coin. Ces derniers n'ont pas tardé à arriver, et après une petite conversation avec la famille arc-en-ciel, un constat de l'état des pneus et la remise aux autorités de l'arme du crime, je me suis fais embarquer.

J'ai voulu, aux policiers, parler de Mauricette... Mais ça n'aurait fait qu'aggraver mon cas. Alors j'ai déliré très théâtralement sur ma haine des 4x4, ma passion pour la montagne et mon adolescence malheureuse.

Comme je ne suis pas sans le sou, j'ai proposé le remboursement des pneus séance tenante, et pour rester dans le personnage, j'ai même fait l'éloge des petites voitures électriques, mais en sourdine.

Je suis relativement fier de moi. J'ai sauvé la vie d'une famille nombreuse et aisée (les pauvres se promènent peu...). Et puis, je n'ai pas trop le choix ; ma maison est à flanc de montagne, à flanc de Mauricette. J'ai pas intérêt à la décevoir...

 

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Photo : Mauricette et un couple d'amis (Everest et Kilimandjaro), grisés par la haute altitude (Discovery channel, capture d'écran)

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29 janvier 2010 5 29 /01 /janvier /2010 13:34

J'ai cru qu'elle partait parce qu'elle mettait ses chaussettes. Mais non, elle avait froid aux pieds...

Tout ce cinéma ! Dans ma tête ! Parce qu'elle enfile une paire de chaussettes bleues, et même pas des jolies... Elle allait me quitter, j'en ai été sûr pendant une vingtaine de secondes, me laisser là et partir rejoindre quelqu'un avec qui ça marchait tellement bien qu'elle pouvait se permettre de mettre des chaussettes pas jolies...

Ah, putain, je l'avais pas vu venir, le coups du grand départ par le symbolisme de l'enfilement d'une paire de chaussettes. Ce que j'ai eu peur...

En quelques secondes, je lui avais donné un visage, au mec, une profession lucrative, chiante mais lucrative, une marque de voiture et un lieu privilégié pour ses vacances en amoureux, du coté du grand Orient, style « touriste mais pas touriste ».

Ils en étaient, toujours dans ma tête, à avoir un enfant, quand je la vis s'asseoir à son bureau, reprendre son pinceau et dire « mmm, c'est bon, les pieds au chaud ».

Je me suis roulé longuement une cigarette que j'ai nonchalamment allumée, et j'ai dit en m'éloignant : « bon travail mon cœur... »

 

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Photo : « Les Rois de la chaussette », observant avec bienveillance le personnel d'une de leurs nombreuses usines (en dessous, à gauche, mais on ne les voit pas), photo aimablement prêtée par la fondation Reine Fabiola, une grande amatrice et fine connaisseuse de la chaussette.

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25 janvier 2010 1 25 /01 /janvier /2010 11:33

J'ai 6 ans et je viens d'inventer la bombe ultime. Pas construite, inventée... Mes parents, ces incapables notoires, ne veulent pas financer mes recherches, dont ils ne comprennent ni le premier, ni le dernier mot.

J'ai bien tenté de leur soutirer un peu d'argent, avec pour prétexte d'alimenter la caisse de madame Bernadette, notre maitresse criarde, pour la reconstruction d'Haïti, mais ces 3 euros ne me seront d'aucune utilité. Il me faut plus, beaucoup plus...

Quand je parle de bombe, il ne faut pas s'imaginer un engin style missile, blanc chromé avec des éclairs jaunes partout. Et son explosion, à la différence des bombes en général, ne fera aucun mort. C'est même l'effet inverse que je poursuis.

En gros, ça aurait la forme d'un bulle verte d'un mètre de diamètre, qui, une fois branchée sur une pile allumette, deviendrait de plus en plus lumineuse, s'élèverait à 4 kilomètres d'altitude et exploserait comme une fusée de feu d'artifice, répandant partout sur terre et mer, au gré des vents, pendant 2 semaines, des unicellulaires contagieux dont les effets pourraient être résumés en un article et un mot : « la paix ».

Ouais ! J'ai inventé la bombe à paix.

C'est Gladys, une fille de ma classe, qui m'a involontairement donné l'idée. Elle devait faire une élocution et avait décidé de parler des lucioles, ces jolis insectes qui brillent du derrière on ne sait trop comment. Ses explications n'étaient pas très convaincantes et dès mon retour à la maison, je m'étais rué sur internet pour en savoir un peu plus.

Ma première conclusion était que la luciole est l'être vivant le plus gentil du monde ; ni prédateur ni proie, on dirait qu'il n'était sur terre que pour faire joli et illuminer les chaudes soirées d'été.

Mais le constat était quand même là ; nulle explication a ce phénomène lumineux, rien que des hypothèses toutes plus hasardeuses les unes que les autres.

Certains penchaient pour la nécessité pour les lucioles de se reconnaitre et de se faire voir de leurs congénères.

D'autres, plus mystiques, penchaient pour la théorie du GC (Glorieux Créateur), selon laquelle « faire joli la nuit » constituerait une raison en soi tout à fait valable et suffisante.

D'autres, plus imaginatifs et un peu bourrés, considéraient les mouvements lumineux des lucioles comme des messages envoyés par des êtres supérieurs, avec 3 yeux et une seule, mais très grosse, narine.

Toutes ces explications ne me disaient pas grand-chose... 

Alors, sans céder au défaitisme, j'ai décidé d'un plan d'action. Il me fallait tout d'abord des lucioles vivantes, et un peu de matériel de dissection. Sans traîner, je partis de nuit. Mon père ronflait tellement fort que j'aurais pu sortir par la porte de devant en la claquant violemment sans que ça aie le moindre effet. Je me rendis dans le verger le plus proche. La température était douce et mon pyjama pilou en plus des godasses et du pull me procurait une sensation de bien être pas loin d'être voluptueuse.

J'avais mon grand filet à papillon, ça devrait faire l'affaire, et un vieille lampe de poche.

Je me suis assis au pied d'un pommier, j'ai éteins la lampe de poche, et j'ai laissé lentement mes yeux s'acclimater à cette si faible lumière, à cette noirceur. Au bout de quelques minutes, je les ai vu. Plus j'en voyais, et plus j'en voyais encore.

Ça n'a pas été difficile d'en attraper une vingtaine et de les ramener à la maison. C'était marrant, ce filet au bout du manche, lumineux, coloré, changeant de ton et d'intensité en permanence...

N'oubliez pas que j'en était aux balbutiements de l'étude du pourquoi les lucioles brillent-elles. Les opérations rudimentaires que je fis, cette nuit-là, subir à mes belles lucioles ne furent pas, dans un premier temps, très fructueuses. Les pauvrettes explosaient et s'éteignaient, ou faiblissaient jusqu'à l'agonie, suite à mes si légères décharges électriques. J'appris à doser plus subtilement l'expérience, à en inventer d'autres, pas forcément moins cruelles, et mon savoir s'étendit.

Les années passèrent, et le projet grandit. L'accès au matériel plus sophistiqué du labo de l'école secondaire a beaucoup joué ! Accès garantit à de gentilles substances qui, bien dosées et mélangées, acquéraient des propriétés singulières.

Puis ce furent les années de médecine, et son accès sans limite aux densimètres, aux fulguromètres, aux spectrographes aux lasers vert et rouge, aux rayons alpha-tango-lima-oméga, aux podologues (j'avais souvent mal au pieds), aux microscopes à neutrons, et aux produits très rares à effets spectaculaires.

Mes lucioles mourraient moins rapidement, mais souffraient un peu plus. Ça me touchait, mais j'avais la sensation d'approcher de très près une explication, une possibilité de comprendre et de maîtriser. Je le sentais, puissamment, mais jusqu'alors, rien...!


Fin du premier épisode.



Note de l'auteur : cette expression « fin du premier épisode » signifie-t-elle qu'une suite est obligatoire ?!

 

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Photo : 2 lucioles transformées par inadvertance, l'une, en infirmière spécialisée en injections fessières, l'autre, en mécano-nymphomane, et moi, penaud.


Note de l'auteur : cette photo prise a été prise par Robert, mon assistant, photo que cet en.... a balancé sur facebook. Je répliquerai : j'ai des photos de lui se masturbant devant une luciole spécialement grosse et rouge...

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18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 14:49
 

L'intestin grêle... Encore un organe bien belge, pense-t-on, qui drache et mouille abondamment !

Et non ! S'il grêle, c'est en privé, bien au chaud, au creux d'un de nos espaces intérieurs, ceux qu'on oublie tout le temps. A vrai dire, ceux auxquels on a pas trop envie de penser. Des années d'affiches pour la prévention du cancer de nos entrailles nous les ont fait les occulter, nier et finalement disparaitre de notre conscience.

Et jusqu'à un certain point, ça marche ! « La grêle, ça n'arrive qu'aux autres », « S'il grêle, c'est qu'il doit grêler », ou « j'vais t'en foutre, moi, une grêlée intestinale » sont autant de faux-fuyants, de leurres, persuadant l'homme du 21ème que ses viscères sont aussi jolis que son corps d'athlète, ou que son corps tout court.

Pourtant, si l'intestin grêle, en plus d'avoir ses raisons, c'est avec entrain.

Avec ses mètres et ses mètres de longueur, sa grêle se fait ondulation.

Ses torsades envoutantes provoquent des sons primaires, tout droits sortis d'un univers australien plein de didjeridus qui râlent et de crapeaux-buffles qui pètent.

Ses lovages ordonnés sont pour le poète autant que pour le compulsif de l'ordre une preuve de l'existence de dieu.

Sa serpentine attitude fascine le soldat américain éventré autant que le tortionnaire rigolo au bistouri.

Ses brusques sursauts nous enchantent ou nous font courir plus vite qu'à l'habitude dans ces lieux que l'on dit de commodité...

En bref, l'intestin, lorsqu'il grêle, ne suscite ni l'indifférence, ni l'immobilité.

Photo : Bob Intestin, Julie Pancréas et Marlène Foie, au symposium annuel des armes de destructions massives, La Grêle, USA.

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12 juin 2009 5 12 /06 /juin /2009 13:26
 

Chausse-trappe : du latin chaudus (« chaudasse ») et « strappus » (« sur le strapontin ») ; litt., une dame au tempérament torride qui se tortille sur le strapontin. Ex : « chausse-trappe à l'opéra, bingo dans la loggia » (Hétéroclyte, "Le clitoris, ce bel inconnu", p.252, Wanfercée-Baulet, éd. Fontaine et Potiron).

Dans l'antiquité, c'est à dire aux temps de jadis il y a longtemps-longtemps, la chausse-trappe était très en vogue ; elle incarnait la femme libre et belle, se tortillant pour trouver une place confortable ; à ce sujet, on rapporte qu'actuellement, le confort des femmes, chausse-trappe ou pas, n'est pas parfait.

Avant l'antiquité, et là c'est il y a très-très-très longtemps-longtemps, bien avant le temps de jadis, la chausse-trappe avait mauvaise presse ; la résistance des matériaux, cette science neuve, n'avait pas encore permis la construction de strapontins solides et durables. Le tortillage de la dame mettait donc fort à mal ce dernier des derniers.

Et avant l'antiquité de l'antiquité, à l'age surnommé de pierre, la chausse-trappe était unanimement perçue comme une masochiste, assise seule sur son caillou pointu, la mine extatique et la pierre trempée...

Aujourd'hui, la chausse-trappe désigne une femme inaccessible et belle. Belle parce qu'elle est belle. Inaccessible par manque de place.

Il s'agit souvent d'une jolie retardataire qu'on case, qu'on compresse, qu'on insère au chausse-pied, le tout discrètement et avec dédain (le strapontin, c'est quand même qu'une place de dernière classe...)

Le mâle, observant tout sauf le solo violon de la judéo-palestinienne Fatima Goldblum, aperçoit la dame ; il ne sait pas encore qu'il s'agit là d'une chausse-trappe. Pour lui, seul et résolu à ne pas le rester, l'occasion est trop belle. Une femme seule et en retard, ça sent la célibataire qui veut se changer les idées, mais qui a oublié de mettre le réveil après ses 2 xanax. La névrose étant établie, les jeux, pour lui, sont fait.

C'est alors que son scénario, tout élaboré qu'il soit, part en vrille. La place manque et les techniques habituelles ne lui sont ici d'aucun secours ; du plus audacieux « il n'y a plus de place, pourrai-je partager votre siège si vaste ? » au timide « vous pouvez me garder mon portable tandis que je vais faire un tour aux toilettes ? ». Le mâle est alors en zone d'incertitude... Il n'a pas tout saisi, et s'en trouve mortifié.

Et en effet, cet étonné frustré ne comprend pas encore à à quel point son intuition est fondée, et donc que c'est pas ce coup-ci qu'il va couiner toute la nuit.

Cette dame, en effet, ne subit pas le strapontin, elle le choisi. Elle ne cherche pas à s'étendre nonchalamment, mais souhaite l'exiguïté. Que ce soit le fait de sa psychologie de base, ou lié à sa récente vision de « Dirty Dancing » (« mon espace de danse, ton espace de danse »), elle veut l'étroitesse, la cherche, la trouve.

Le mâle éprouve alors une nauséeuse ivresse, sent le sol se dérober sous ses pieds, et découvre qu'à la place de son siège spacieux, un trou noir est apparu.

Il va tomber, il tombe, la chausse-trappe a encore gagné.

Photo : Chausse, Trappe et Bobette, en pleine répétition d'un opéra comique ("La Casse-noisette"). Avec l'aimable autorisation de l'orchestre philarmonique de Bamako.

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